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Miles DAVIS

(1926 – 1991)

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«Jazz est un mot d'Oncle Tom. Ils devraient arrêter d'utiliser ce mot... juste [appelle ça] de la musique, mec…»
(«Jazz is an Uncle Tom word. They should stop using that word… just [call it] music, man.»)

A la fois caméléon musical constamment à l’affût de sonorités nouvelles et personnalité inflexible qui exigeait toujours le respect (et les cachets!) qui lui étaient dûs, Miles Davis (1926-1991) a accompagné – et souvent anticipé – l’évolution de la musique noire américaine pendant près d’un demi-siècle. Jusqu’à devenir, dans ses dernières années, un mythe.

Plus il ne semblait jouer que pour lui-même, plus son aura grandissait. L’influence de Miles Davis sur la musique de son temps est inversement proportionnelle à la parcimonie de son jeu de trompette. De 1944 à sa mort, Miles aura participé, successivement et parfois simultanément, à toutes les révolutions de la note bleue: pionnier du be-bop aux côtés de Charlie Parker, inventeur du cool jazz (Birth of the Cool), génie de la musique de film (Ascenseur pour l’échafaud), grand maître du hard-bop à la tête de ses différents quintettes, héros du jazz orchestral grâce aux arrangements de Gil Evans (Sketches of Spain), ancêtre de la musique électronique (In A Silent Way), précurseur du jazz-rock (Bitches Brew), sorcier du jazz-funk (Dark Magus), et enfin, au soir de sa carrière, icône d’une fusion universelle entre le jazz et ses dérivés pop, voire hip-hop!

Miles est aussi – et peut-être avant tout – un extraordinaire révélateur de talents, un leader au flair sans équivalent. A chaque nouvelle aventure, il déniche les musiciens les mieux à même de rendre justice à sa vision créatrice: John Coltrane, Bill Evans, Wayne Shorter, Tony Williams, Chick Corea, Herbie Hancock, Dave Holland, Keith Jarrett, John McLaughlin, Marcus Miller ou Joe Zawinul ont tous rejoint Miles à l’état de talents prometteurs, de diamants bruts. Et sont tous devenus des stars aussitôt après l’avoir quitté…

Miles Dewey Davis III naît à East St. Louis, Illinois, dans une famille relativement aisée de la classe moyenne noire. Son père est un dentiste prospère, sa mère femme au foyer, mais formée à l’enseignement de la musique. L’adolescent est doué pour la trompette: ses parents financent son inscription au prestigieux Institute of Musical Art de New York (aujourd’hui Juilliard School). Pendant un an, il étudie le jour et fréquente les clubs de jazz la nuit. A 18 ans, il rencontre ses idoles Dizzy Gillespieet Charlie Parker. Ce dernier l’invite à remplacer Dizzy dans son groupe et Miles abandonne ses études. «Si j’étais resté plus longtemps à l’école, j’aurais fini par jouer comme un blanc», estimait-il.

Son jeu de trompette voilé et plaintif, a priori mal adapté aux élans fiévreux du be-bop, est précisément ce qui le rend unique et immédiatement reconnaissable. Sa réputation grandit rapidement. A la fin des années 40, il tourne pour la première fois en Europe. A Paris, il rencontre Juliette Gréco, avec qui il a une liaison. Il vit mal son retour aux Etats-Unis, sombre dans la drogue, s’en sort de justesse. Sa santé en pâtira jusqu’à sa mort. En 1955, nouvelle étoile du jazz, il signe un contrat d’exclusivité chez Columbia, qui lui laisse une entière liberté créatrice. Miles alterne disques en petite formation et quatre albums de jazz orchestral arrangés par Gil Evans, qui triomphent auprès du public comme dans la presse spécialisée.

1959 voit la naissance de Kind of Blue, chef-d’oeuvre modal et impressionniste où sa trompette mélancolique fait merveille. L’album devient l’un des plus vendus de l’histoire du jazz (plus de cinq millions d’exemplaires). Au même moment, avec son approche libertaire de l’improvisation, le free fait exploser l’ordre musical établi. Pas du tout intéressé, le trompettiste préfère peaufiner la formule traditionnelle du quintette trompette-saxophone-piano-basse-batterie, jusqu’à atteindre une perfection quasi télépathique avec la formation réunissant Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams.

Parvenu au pinacle du hard-bop, Miles Davis se retrouve dans une impasse stylistique. Conscient que l’appétit des foules pour le jazz décline inexorablement au profit du rock et de la pop, Miles se met au goût du jour: il introduit guitares, basse et jusqu’à trois claviers électriques dans son nouveau groupe. Le trompettiste troque aussi ses costards impeccables pour des tenues de scène de plus en plus excentriques, colorées et funky. Surtout, il abandonne définitivement les derniers vestiges formels du jazz «mainstream» pour un son proche du rock, sombre, violent, qu’il décline en longues séquences ininterrompues aux improvisations incantatoires dignes d’une cérémonie vaudou.

Ses fans habituels peinent à le suivre, mais son groupe fait fureur à l’affiche des salles et des festivals de rock fréquentés par un public très jeune. L’album Bitches Brew cartonne au hit-parade et se vend à un million d’exemplaires. Tout s’arrête en 1975: rattrapé par ses problèmes de drogue, affaibli par une santé vacillante, le trompettiste s’enferme dans un mutisme qui durera cinq ans.

Sa troisième épouse, l’actrice Cicely Tyson, l’aide à sortir de cette mauvaise passe. Il revient sur le devant de la scène en 1981, avec la sortie de l’album The Man With The Horn. Jusqu’à sa mort dix ans plus tard, les tournées de concerts s’enchaînent devant un public de plus en plus vaste, Miles privilégiant désormais une musique accessible, entre funk et pop. Il reprend les tubes Time After Time de Cyndi Lauper et Human Nature de Michael Jackson, collabore avec Prince, Toto ou Zucchero. Il se met aussi à la peinture sous l’impulsion de sa dernière compagne, l’artiste Jo Gelbard.

Miles Davis passe de Columbia à Warner en 1985, sans que le changement de label n’affecte sa nouvelle approche «universelle». A partir de 1984, le trompettiste devient un régulier du Montreux Jazz Festival, y apparaissant chaque année (sauf en 1987). C’est là qu’en juillet 1991, à l’instigation de Quincy Jones, Miles revient pour la seule et unique fois de sa carrière sur son passé, en rejouant des extraits des célèbres arrangements que Gil Evans lui avait écrit plus de 30 ans auparavant. Deux mois plus tard, Miles s’éteint en Californie des complications liées à une pneumonie. Sorti après sa mort, l’album Doo-Bop, supervisé par le producteur hip-hop Easy Mo Bee, marque un ultime changement de cap pour Miles, en direction du rap et de l’acid jazz.

Luca Sabbatini, journaliste freelance © Galerie 1 2 3 / 2022

Miles Davis est un compositeur et trompettiste de jazz américain.

Berliner Jazz Tage

1967

Vendu

Isle of Wight Festival, August 26-30 1970

1970

Vendu

Miles Davis Group en concert

1971

Vendu

Miles Davis, Collection Jazz Oreos Verlag, Die grossen musiker des Jazz

1985

CHF 690.–

Miles in the sky

circa 1987

Vendu

Miles Davis

1989

Vendu