Raymond SAVIGNAC

"Raymond Savignac, l'homme qui fait sourire les murs et réfléchir le papier."

Monsavon, les cigarettes Gitanes, la SNCF, les stylos BIC, Air France, Citroën, Maggi, Cinzano, Michelin, Dunlop: pendant plus d'un demi-siècle et avec plus de 600 affiches, les scènes humoristiques de Savignac ont recouverts les murs de France.
Raymond Savignac débute sa carrière comme dessinateur-calqueur à la Compagnie des Transports Parisiens, puis travaille avec Robert Lortac, qui dirige un studio de dessin animé, où il reproduit des oeuvres de Cassandre, Loupot, Carlu pour les inclure dans des animations publicitaires.
En 1935, il débute un apprentissage d'affichiste à l'Alliance Graphique sous la tutelle de Cassandre. Du maître, il retiendra: "L'affiche n'est qu'un moyen de communication entre le commerçant et le public, quelque chose comme le télégraphe. L'affichiste joue le rôle de télégraphiste, il n'émet pas de message, il le transmet. On ne lui demande pas son avis. On lui demande seulement d'établir une communication claire, puissante, précise."
Tout comme Villemot, avec qui il collabore pendant plusieures années, sa carrière ne débute vraiment qu'après la guerre. En 1949, il connaît enfin le succès grâce à son affiche pour les savons au lait Monsavon, qui montre une vache dont le lait crée directement le savon sous ses pis. Il dira: "Je suis né à l'âge de quarante et un ans, des pis de la vache Monsavon."
Influencé par l'oeuvre de Chaplin, il crée des "gags visuels" avec ses affiches. Ses messages publicitaires sont humoristiques, optimistes, aux images gaies et légères pleines de poésie.
Par la simplicité du trait, la schématisation des formes et à l'aide d'idéogrammes qui font la synthèse du fond et de la forme, il élimine tout ce qui n'est pas essentiel.
On peut le voir notamment avec son affiche pour les frigos Frigeco, où l'homme est à moitié gelé. L'affiche pour les colles Eutectic où l'homme est déchiré en deux, est également un bon exemple de cette façon de présenter ses sujet. Le public se souviendra également du zèbre de Cinzano (1951), de la giraffe d'Air France (1956), du boeuf du pot au feu de Maggi (1959), du gamin du stylo bille BIC (1960) et de sa célèbre affiche du film "La guerre des boutons" (1962).
Pour Raymond Savignac, "la lecture de l'affiche doit être instantanée. En une fraction de seconde, l'homme de la rue doit percevoir ce qu'elle veut dire. L'affichiste doit donc dessiner gros: gros comme Guignol qui a du style et n'est jamais vulgaire".
Officier de la Légion d'Honneur et officier des Arts et des Lettres, Savignac a été exposé dans le monde entier et a marqué son époque. A son décès, le Nouvel Observateur écrira: "Raymond Savignac a marqué l'histoire de l'affiche française avec sa poésie, son sens du raccourci et son humour joyeux".