Edouard VALLET

Représentant majeur de l'art suisse du début du XXème siècle, Edouard Vallet est un peintre, graveur et dessinateur de l'Art Nouveau. Il s'inscrit dans la lignée de Ferdinand Hodler, Ernest Biéler et Giovanni Giacometti.
Né à Genève dans une famille de commerçants français, Edouard Vallet débute sa carrière comme sculpteur d'ornements, puis suit les cours de xylographie (procédé de reproduction multiple d'une image utilisant la technique de la gravure sur bois) à l'Ecole des Arts industriels.
Sa première affiche, pour le spectacle "Poème Alpestre", oeuvre musicale de E. Jaques Dalcroze, dans le cadre de l'Exposition Nationale Suisse à Genève en 1896, aborde déjà un des thèmes qui lui seront chers: la vie des paysans de montagne. Le dessin réalisé en lithographie sera repris dans toutes les affiches du "Poème Alpestre".
Edouard Vallet utilise une vaste gamme de techniques: le pastel, la gouache, l'aquarelle, l'huile, la lithographie, sans parler de l'eau-forte, qui lui vaudra de s'imposer comme un des maîtres incontestés de la gravure helvétique (voir son affiche pour son exposition au Cercle des Arts et des Lettres, imprimée par la Société Suisse d’Affiches Artistiques en 1896).
De 1908 à 1927, Edouard Vallet passe de longs séjours dans le Valais, notamment à Ayent, Hérémence, Savièse, Vercorin et Sion. La découverte du Valais constitue un bouleversement dans son parcours artistique: il puise son inspiration dans les paysages montagneux, les vieux mazots et la vie rurale. Il s'installe à Savièse en 1911 et réalise ses toiles les plus importantes, comme 'La servante valaisanne' ou 'Le retour au hameau' pour ne citer que celles-ci. Rattaché à l'Ecole de Savièse, l'oeuvre de Vallet évoque la vie des petites gens et des vieillards. En 1912, il achète une maison à Vercorin dans laquelle il installe son atelier, maison transformée aujourd'hui en musée en l'honneur du peintre.
La même année, Vallet organise sa première grande exposition individuelle. Il se rend chez Wolfensberger à Zürich, ville où on l'apprécie davantage qu'en Suisse romande. Il réalise l'affiche "Zum Wolfsberg 1912", représentant une mère et son bébé juchés sur un mulet, une vieille valaisanne menant une vache et un veau, et une autre portant une boille de lait sur le dos. Toutes ces femmes tournent le dos au spectateur, et paraissent cacher leur véritable identité. En 1917, Vallet organise une nouvelle exposition de ses oeuvres et retourne chez Wolfensberger à Zürich. Pour son affiche, il montre trois femmes en costume valaisan présentées cette fois-ci de face.
Selon l'historien de l'affiche Jean-Charles Giroud, "les trois parties de l'oeuvre, l'image, la lettre et le texte sont parfaitement intégrées les unes aux autres. Le tablier rouge vif du personnage central attire le regard, le trait est fin, l'équilibre de la composition est parfaite. Symbole de la beauté de l'art, comme les trois Grâces, ses femmes tiennent chacune des bouquets de fleurs, symboles des oeuvres de l'artiste".